Biographie
Fondé en 2013 sur les cendres des Spurts et des Sad Knights, Staretz est le projet ambitieux d'un trio de vétérans de la vie en Rock. Celle des concerts à outrance, des heures de route, des voyages sans assurance retour. Lorsque Serge Fabre (chant, guitare), Philippe Lombardi(guitare) et Eric Baldini (basse) unissent leurs forces, c'est dans l'idée de graver la synthèse de ce que leur longue expérience leur a enseigné de meilleur. Un premier album tout en énergie, “Panettone Boogie”, sera l'unique témoignage de cette formation rapidement touchée par le drame avec le décès de son guitariste Philippe Lombardi en 2015.
Privé de son frère d'arme, Serge Fabre, leader et compositeur du groupe, décide de jouer son va-tout. Terminé d'enregistrer des albums cartes de visites, reproductions du répertoire de scène. “Panettone Boogie” avait marqué la rencontre avec Olivier Cussac, jeune prodige du son et de la production, homme fort du mythique Studio Condorcet de Toulouse, dans lequel quelques-unes des grandes figures internationales du Jazz et du Blues ont retrouvé l'émotion originelle, définitivement disparue des blockhaus sans âme que sont devenus, au fil de l'évolution technologique, les studios américains. Ce que Serge Fabre et Philippe Lombardi avaient traqué de New-York à Memphis se trouvait finalement niché au cœur de leur propre ville. Cette association avec la jeunesse d'Olivier Cussac, Serge Fabre décide de la consolider avec l'apport au sein de Staretz de Pablo Acedo, surdoué de la six cordes de tout juste 22 ans, sachant allier dans son jeu l'audace et la retenue. Deux qualités aussi rares qu'appréciables.
Au sein du Studio Condorcet, lorsqu'un calendrier chargé en concerts fougueux leur en laisse le temps, la nouvelle formation de Staretz va étoffer son art, élargir sa palette, oser s'affranchir des barrières stylistiques pour ne plus se soucier que de l'essentiel, le feeling. Cette notion désuète, fondation de l'émotion musicale, le lien entre les musiciens et les auditeurs, l'indescriptible frisson. Un second album, “Go Down South”, paru en 2016 vient concrétiser l'acharnement de la troupe. Les chansons sont ciselées, l'interprétation soudée, la production sert à la perfection chaque teinte de la palette. On croit alors que Staretz vient d'atteindre son sommet artistique. C'est bien mal les connaître.
2018, les temps sont à l'urgence. Le Studio Condorcet est condamné à la destruction par la folle alliance des promoteurs immobiliers et des politiques, le quartier Matabiau et sa populaire avenue de Lyon sont livrés aux bulldozers. Staretz est en mission, pas question que le nouvel album soit autre chose qu'un monumental hommage à toute une tranche d'Histoire. Celle de nos vies, de nos passions. “From Lead to Gold” est plus qu'un recueil de chansons, ce disque extirpe le meilleur de chacun de ses protagonistes et utilise à plein régime tout ce qu'un studio peut offrir de créatif pour affûter une musique qui cogne au cœur. Serge Fabre a peaufiné des compositions d'une qualité insoupçonnée que Staretz (enfin doté d'un batteur stable, l'excellent Jacques Raffanel) a habillé d'un éclat aux couleurs kaléidoscopiques en étoffant sa formation avec l'apport de Christian Seminor aux percussions, du fulgurant Loïc Laporte au sax, de Félix Jordan du groupe Sabotage aux chœurs et du désormais indissociable Olivier Cussac qui, outre la production, s'exprime à l'orgue Hammond. Le disque se nourrit de Funk, de Soul, de Rock brut aux accents Garage, d'intenses ballades au romantisme urbain, autant d'ingrédients qui composaient le menu des plus grands albums des 70's. Avec “From Lead to Gold”, Staretz évoque tour à tour, et sans jamais rien perdre de son identité, les premières heures de Bruce Springsteen, Van Morrison, les Rolling Stones, Lou Reed ou Mink DeVille. Mais que l'on ne s'y trompe pas, Staretz n'est d'aucun mouvement revival, From Lead to Gold n'est en rien une relecture du passé, il s'affirme comme son prolongement. Et réussi ce petit miracle de nous faire croire que rien n'est jamais fini.