Biographie
Les Fils de Joie en 1978 Olivier, Alain et Chris répétition dans le garage chez les parents d’Alain. Formé à Toulouse fin 1978, le trio punk de lycéens débutants, qui reprenait les Ramones à chacun de ses concerts, se transforme en trois ans en un quatuor «post-punk», d’une grande fertilité musicale, qui impose son style grâce à quelques atouts.
Entre deux concerts dans les bars ou les amphis du coin, les Fils de Joie écument les studios de la cité rouge et noire. Fin 1979, ils font le tour des maisons de disques avec leur reprise géniale de Havana affair en ska et l’un de leurs premiers morceaux originaux : Harry. Ce titre, au texte décalé et à la mélodie digne des Ramones, recèle un des meilleurs chorus de guitare de l’histoire du punk rock. Autant dire que les réactions sont unanimes : Ils se font jeter de partout ... Pourtant, leurs morceaux circulent déjà sur des cassettes. Dès 1981, on les entend sur les premières Radios Libres puis on les retrouve sur la Compilation de Radio FMR avec Le Requin Vert, Les plaisirs chers et une reprise live de Green onions (Booker T.). Entre-temps, leur 45T auto-produit avec Adieu Paris a été pressé à 2000 exemplaires (1982). Ils vendent tout et rêvent de devenir célèbres. En réalité, aucun plan de carrière sérieux n’est en place. Ils n’ont pas de manager et se contentent de répondre aux invitations pour aller jouer un peu partout. Paris et le Rose Bonbon les accueillent en présence d’Alain Maneval qui devient fan du groupe, encense «Adieu Paris» et donnera le coup de pouce nécessaire pour faire signer les Fils de Joie chez Phonogram.
On ne fait pas du rock par hasard. Les Fils de Joie sont jeunes, écorchés vifs et impulsifs. Malgré une notoriété grandissante, Alain quitte le groupe dès 1983, à la fin d’un concert au Grand-Parc de Bordeaux. On ne le reverra plus. Dorian arrive d’Angoulême et le remplace. La suite est bancale. Malgré la sortie de 5 titres chez Phonogram (un EP et deux 45T) et le support d’un manager (Jean-Marc Besson), le ressort se casse. Le groupe vit mal la perte de contrôle artistique imposé par la major et l’entente se fissure.
Chris, Dorian et David partent sur d’autres projets musicaux. Olivier et Marc vont s’enfermer à Landévennec, au fond de la rade de Brest, pour écrire durant l’hiver. Au printemps, ils squattent le studio de Radio-Libération à Montmartre et enregistrent de nombreuses maquettes avec de nouveaux ou d’anciens titres, dont quelques perles : Nous ne dansons plus la nuit, Le Bon Dieu n’a pas voulu de moi, Allongé sur la dune ... mais rien n’y fait. L’aventure Phonogram a laissé des traces. Ils n’y croient plus et n’iront pas plus loin en 1986.
Les choses auraient pu en rester là. C’était sans compter sur les amis qui ont gardé les traces du passé. Dans les années 2000, les bandes, les cassettes, les vinyles sont digitalisés et Internet voit ressurgir d’anciens morceaux des Fils de Joie. Les fans se souviennent. En 2020, Olivier de Joie profite du confinement pour commencer à compiler les titres pour une anthologie encore incomplète.
En 2022, Le label toulousain Pop Sisters Records décide de reprendre l’histoire là où elle s’est arrêtée, d’aller puiser dans le réservoir des auto-produits du groupe et de réunir les titres marquants, représentatifs de l’esprit et du talent des Fils de Joie, pour sortir enfin cet album en version vinyle. Voilà de quoi combler le vide de 1986 et de fêter dignement les 40 ans de la sortie d’Adieu Paris !